Description de la conférence
18:30 : LES HARKIS – AVANT-PREMIÈRE – Film directement suivi de la rencontre avec le réalisateur Philippe Faucon et l’historien Tramor Quemeneur, animée par François Aymé.
En partenariat avec Arte.
Après La Trahison, Philippe Faucon remet la tragédie des harkis sur son métier de filmeur d’Histoire. Pour une Histoire plus ample, inscrite chronologiquement sur la durée de la guerre d’Algérie. Encore une fois, le cinéaste touche juste. Avec des moyens modestes certes mais surtout avec des partis pris qui forcent le respect. Pas de manichéisme ici, pas de complaisance dans la violence : des choix rares pour un film de guerre. Plutôt le récit circonstancié, « sourcé » même (à partir notamment d’un carnet d’un lieutenant encadrant des supplétifs), de ces Algériens s’enrôlant dans l’armée française, qui pour nourrir les siens, qui pour échapper à une mort par la torture. Philippe Faucon montre comment les mâchoires d’un piège redoutable se sont refermées sur ceux que l’on appelait les harkis, devenus des traîtres et mêmes des ennemis pour les partisans du FLN sans pour autant bénéficier d’une reconnaissance et d’une protection par la hiérarchie française. Car des harkis ont participé aux exactions de l’armée française, torture comprise. Et ils ont subi, eux et leur famille, en retour, des violences extrêmes. Les harkis furent sacrifiés par dizaines de milliers par l’État français qui n’hésita pas à les abandonner en grand nombre en 1962 à la vengeance des Algériens. Un mensonge d’État que le cinéaste dénonce de manière irrévocable. Ce sacrifice des harkis dit bien la raison même de la guerre d’Algérie : pour l’État français, un Algérien, même enrôlé dans l’armée, n’était pas un citoyen à part entière. Le cinéaste enchaîne les situations de guerre comme un engrenage fatal, il esquisse des personnages au double visage de bourreau et de victime qui sont comme des blocs de contradictions, de silences, de violences et de souffrances contenues. Le cinéaste met en récit la tragédie de la guerre dans toute sa complexité, sans jugement express mais avec une rare exigence de vérité. François Aymé
Présentation des intervenants
Enseignant à l’Université Paris 8, membre du Conseil d’orientation du Musée national d’histoire de l’immigration (MNHI), Tramor Quemeneur est historien et spécialiste de la guerre d’Algérie. Il a publié sur ce sujet de nombreux travaux, parmi lesquels Algérie 1954-1962 – Lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre (avec Benjamin Stora, Les Arènes, 2010), L’Algérie en couleurs : 1954-1962, photographies d’appelés pendant la guerre (avec Slimane Zeghidour, Les Arènes, 2011), et a codirigé La guerre d’Algérie revisitée (avec A. Kadri et M. Bouaziz, Karthala, 2015).
Philippe Faucon, né au Maroc, est de ces cinéastes qui mêlent interrogations intimes et questions de société, comme dans Sabine (1993) qui raconte la descente aux enfers d’une mère atteinte du sida. Attaché à son pays natal, et connaissant bien les cultures banlieusardes, il s’en servira d’appui pour bon nombre de ses films comme Dans la vie, La Désintégration, ou encore ses réalisations pour la télévision avec Samia, Mes dix sept ans et la mini-série D’amour et de révolte. Fatima (César du meilleur film), dressait le portait juste et touchant d’une femme de ménage élevant seule ses deux filles avec courage et abnégation. Le sort des immigrés, l’adolescence, le terrorisme, la culture maghrébine, l’amour, autant de sujets qui sont au centre des préoccupations de Philippe Faucon, tout comme les conséquences humaines de la marche de l’Histoire et les traces qu’elle laisse sur les êtres.
Présentation du film
18h30 : Les Harkis – Avant-première, suivie de la rencontre.
De Philippe Faucon. France. 2022. Format : DCP. Copie : Pyramide. Avec Théo Cholbi, Mohamed El Amine Mouffok, Pierre Lottin…
Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. Á leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de l’Algérie. Le sort des harkis paraît très incertain. Pascal s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes de son unité.