Description de la conférence

18h30 : Conférence « Stupéfiant Moyen-Orient » par Jean-Pierre Filiu, précédée ou suivie de la projection du film (contactez votre cinéma pour connaître l’horaire de la projection).

La révélation de scandales liés aux stupéfiants alimente régulièrement l’actualité moyen-orientale. Mais sait-on que l’addiction de masse qui frappe l’Iran moderne trouve sa source dans une dépendance à l’opium diffusée depuis un demi-millénaire au sein de la société persane ? Que la position hégémonique sur le marché de l’héroïne qu’occupe aujourd’hui l’Afghanistan se fonde sur le choix d’un souverain modernisateur de développer, au début du siècle dernier, la culture du pavot ? Une histoire de drogue, de pouvoir et de société, tel est le sous-titre de ce « Stupéfiant Moyen-Orient » (Seuil, 2023), qui décrit l’évolution des toxicomanies dans cette région de l’Antiquité à nos jours.

Présentation de l’intervenant

Jean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), invité à ce titre dans les universités de Columbia (New York) et de Georgetown (Washington). Il a auparavant été diplomate, de 1988 à 2006, servant en Jordanie, en Syrie, en Tunisie et aux États-Unis, ainsi que dans des cabinets ministériels. Il publie depuis 2015, sur le site du quotidien Le Monde, la chronique hebdomadaire « Un si proche Orient ». Ses nombreux ouvrages, régulièrement primés en France comme à l’étranger, ont été traduits en plus de quinze langues. Le plus récent est son « Histoire du Moyen-Orient » (Points, 2023), actualisée à la lumière de l’Ukraine, où il a séjourné près de deux mois cette année.

Présentation du film

La Loi de Téhéran

De Saeed Roustaee. Iran. 2021. 2h14. Format : DCP. Copie : Wild Bunch. Avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh…

En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros…

Accrochez-vous. Depuis Zombie de George A. Romero en 1978 et sa violente satire de la société de consommation, on n’avait pas vu le cinéma de genre s’emparer d’une problématique sociétale avec une aussi belle puissance. Conscient d’habiter un pays qui a « plusieurs centaines de kilomètres de frontière commune avec le plus grand producteur de drogue du monde (l’Afghanistan) », le réalisateur iranien Saeed Roustayi avait d’abord l’ambition de signer un documentaire sur ce fléau du trafic de drogue qui gangrène son pays, avec ses 6,5 millions de toxicomanes, morts-vivants bien plus alarmants que leurs homologues hollywoodiens justement. Mais la force de la réalité iranienne fut telle que, au final, La Loi de Téhéran s’est vu adopter les atours d’un thriller non seulement très documenté, mais réellement haletant de bout en bout. In medias res, la course-poursuite inaugurale saisit et ce n’est que le premier morceau de bravoure d’une longue série terriblement efficace. Déroulant un équilibre pertinent entre scènes intimistes et scènes de foules, La Loi de Téhéran garde une intensité constante qui laisse pantois bien des fois. La mise en scène millimétrée, le vérisme des décors et des figurants (certaines séquences ont fait appel à de vrais toxicomanes – on pourra s’en offusquer), les comédiens magnétiques et très impliqués, les nuances inconfortables des situations et des personnages principaux (Samad, le policier, et Nasser, le dealer, sont-ils fondamentalement si différents ?) : tout concours à entremêler à la belle plastique de la réalisation une préoccupation naturaliste qui rend cette œuvre très impressionnante. Remarquable aussi est la carrière de La Loi de Téhéran : porté difficilement sur les fonts baptismaux en raison d’une censure finalement impuissante à en museler l’existence, le film de Saeed Roustayi est devenu un des plus gros succès du box-office iranien. Nicolas Milesi

Les cinémas qui proposent ce rendez-vous

Cinéma Vagabond Bar-sur-Aube
10200 Bar-sur-Aube
le 02 octobre 2023 à 18h30
Voir le cinéma